La confiance : un pari nécessaire pour avancer
- RH Talents
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Il y a quelques années, un ami m’a confié : « Je préfère tout contrôler. Comme ça, je ne suis jamais déçu. » Derrière cette déclaration, j’ai perçu une blessure : celle de quelqu’un qui, par peur d’être trahi, choisissait la méfiance comme bouclier. Pourtant, si l’on regarde bien, pouvons-nous vraiment avancer dans la vie sans faire confiance, au moins un peu ?
La confiance est le socle de nos relations, qu’elles soient personnelles, professionnelles ou sociales. Elle est à la fois un pari et un apprentissage. Mais dans un monde où l’incertitude grandit – fake news, défiance envers les institutions, crises multiples –, comment maintenir cet équilibre fragile entre confiance et prudence ?
Construire la confiance : un enjeu fondamental dès l’enfance
Le psychologue Erik Erikson décrit la confiance comme le premier défi du développement humain. Dès la naissance, l’enfant doit apprendre à faire confiance à son entourage pour survivre. Si ses besoins sont comblés avec régularité et bienveillance, il développera une confiance de base en lui-même et dans le monde.
Sinon, il pourra grandir avec une insécurité latente, une méfiance ancrée.
Cette confiance première façonne nos relations futures. Dans l’éducation, elle est essentielle : un enfant à qui l’on accorde de la confiance aura plus d’assurance pour explorer, prendre des initiatives, se tromper et apprendre. Au contraire, un environnement contrôlant et méfiant risque d’entraver sa capacité à croire en lui et aux autres.
Mais cette première brique de la confiance ne suffit pas. Tout au long de la vie, nos expériences viennent la renforcer… ou l’ébranler.
Faire confiance, c’est accepter une certaine vulnérabilité
Oser faire confiance, c’est s’exposer. C’est croire que l’autre respectera notre engagement, tiendra sa parole, sera loyal. C’est aussi accepter qu’il puisse nous décevoir. D’ailleurs, c’est souvent après une trahison que la question de la confiance devient centrale. Peut-on encore croire en l’autre après une blessure ?
Si certaines déceptions nous rendent plus prudents, elles ne doivent pas nous enfermer dans la méfiance totale. Comme le souligne la chercheuse Brené Brown, spécialisée dans la vulnérabilité, « La confiance et la vulnérabilité grandissent ensemble. » Autrement dit, on ne peut pas espérer nouer des relations authentiques sans accepter de se mettre un peu en danger.
Mais dans un monde marqué par l’incertitude et la défiance, comment maintenir cet équilibre fragile ?
La confiance dans un monde incertain
Aujourd’hui, la confiance semble s’éroder. Dans un monde où les scandales politiques, les crises économiques et les fake news se multiplient, la défiance devient un réflexe. Nous questionnons tout : les institutions, les médias, les experts. Résultat ? Une montée du scepticisme, parfois du complotisme, et une tendance à l’hyper-contrôle dans nos vies personnelles et professionnelles.
Avec l’essor du digital, cette dynamique s’amplifie. Comment faire confiance à l’information quand les algorithmes privilégient le sensationnel au factuel ? Comment faire confiance à l’autre derrière un écran, quand tout peut être manipulé ? Comment même se faire confiance à soi-même, quand notre attention est en permanence captée et influencée ?
Dans ce contexte, réapprendre à faire confiance devient un défi collectif.
Apprendre (ou réapprendre) à faire confiance
La bonne nouvelle, c’est que la confiance se construit. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, elle n’est pas qu’un sentiment spontané : c’est aussi une compétence qui se développe avec le temps.
Quelques leviers pour y parvenir :
L’écoute de soi : faire confiance aux autres commence par se faire confiance à soi-même. Cela passe par l’écoute de nos ressentis, l’identification de nos peurs et le travail sur notre estime personnelle.
L’expérience graduelle : on ne donne pas sa confiance en bloc, mais par étapes. Dans une relation, il est essentiel de poser des jalons progressifs pour renforcer la sécurité mutuelle.
Le dialogue et la transparence : dans le monde professionnel comme dans le couple, la confiance grandit avec la communication ouverte et sincère.
L’acceptation du risque : il n’existe pas de confiance sans une part d’incertitude. L’important est de ne pas confondre prudence et fermeture totale.
Dans le cadre d’une reconversion ou d’un questionnement professionnel, regagner confiance en soi et en son avenir peut être un vrai défi. Un accompagnement comme le bilan de compétences en ligne de RH Talents peut aider à reconstruire cette confiance en ses capacités et en son projet.
Mais au fond, faire confiance est-il un acte rationnel ou une forme de foi ?
Faire confiance : un pari rationnel ou un acte de foi ?
Les philosophes se sont longtemps interrogés sur la nature de la confiance.
Pour Hobbes, c’est la peur du chaos qui nous pousse à établir un contrat social basé sur une confiance contrôlée.
Pour Rousseau, c’est la nature humaine qui nous incline à faire confiance spontanément, avant d’être parfois corrompus par la société.
Pour Kierkegaard, la confiance ultime n’est ni sociale ni politique, mais existentielle : croire en la vie et en l’avenir malgré l’incertitude est un choix, une forme d’acte de foi.
Entre naïveté et cynisme, il y a un chemin à tracer : celui d’une confiance lucide. Accepter que faire confiance comporte des risques, mais que sans elle, nous nous coupons des plus belles opportunités.
Un pari nécessaire pour avancer
Reprenons l’histoire de mon ami. À force de tout contrôler, il s’est rendu compte qu’il passait à côté de relations sincères. Un jour, il a pris un risque : accorder à nouveau sa confiance, petit à petit. Est-ce que cela l’a protégé de toute déception ? Non.
Mais cela lui a permis de construire des liens plus profonds et plus vrais.
Finalement, la confiance n’est pas un acquis, mais un choix.
Elle n’est ni aveugle, ni insensée. Elle est ce pari indispensable qui nous permet de tisser des relations, de croire en nous et d’avancer ensemble.
Alors, aujourd’hui, à qui choisirez-vous de faire confiance ? 🌿